Mais avant de parler de l’école, laisse moi te peindre le décor de mon enfance.
Nous étions une giga famille : 10 enfants, 2 mères. Sans oublier les tantes et les cousins souvent de passage.
En période normale on pouvait facilement être 16 personnes dans la maison. Moi, j’étais le 6e enfant de cette équipe bien mélangée. J’ai 4 frères et 4 sœurs.
Mon père et ma mère étaient tous deux commerçants, au marché de Mvog-Mbi et d’Ékounou. Mon père quittait la maison à 7h et revenait à 20h, sept jours sur sept. Les vacances n’existaient pas. Ma mère aussi travaillait du lundi au dimanche, avec un peu plus de souplesse. Quand j’y pense, presque tout le monde dans ma famille proche et éloignée était commerçant.
Pour mes parents, le succès à l’école était le meilleur chemin vers la réussite. La règle était simple : tu avais droit à quelques plaisirs si tu avais de bonnes notes à l’école.
Moi, j’étais bon à ce jeu. À l’école primaire, j’étais souvent parmi les premiers de la classe (mes amis du primaire peuvent confirmer 😎). Au lycée, j’étais mal organisé. Je ne travaillais pas assez ou alors uniquement quand c’était nécessaire, genre avant les examens.
Il faut aussi avouer que, comme tout adolescent qui se respecte, j’avais découvert la vie. Je me reposais sur les bases solides que j’avais acquises avant. Mon objectif était d’avoir les notes me permettant de passer en classe supérieure.
J’ai eu la chance d’être bien accompagné pendant tout mon cursus scolaire. Résultat : je n’ai jamais redoublé une classe.
Dans le quartier, j’avais plein d’amis. Notre seule contrainte : rentrer avant la tombée de la nuit. On passait nos journées à jouer dans la cour des maisons jusqu’à épuisement. Le foot, la course poursuite, le ndochi babouche, 1, 2, 3, 4 soleil pour ne citer que ceux là 😂.
Je n’ai pas toujours eu de cadeaux à Noël, ni fêté mes anniversaires. Mes vacances, c’était soit au village avec mes grands-parents, soit au marché à aider ma famille. Mais j’étais heureux. Plus qu’heureux.
Quand j’y pense ça me conforte à l’idée que « le confort » actuel en Europe n’est pas l’unique modèle de bonheur. Et que le bonheur n’est pas seulement dans les cadeaux ou les vacances, mais dans la famille, les amies, l’effort et la simplicité.
Ceux qui ont grandi comme moi savent : on n’avait pas tout, mais on avait l’essentiel. Et c’est cet essentiel qui nous a portés jusqu’ici.