tag:raoulmbe.com,2013:/posts Le Blog de Raoul Mbe 2025-10-10T10:21:50Z Raoul Mbe tag:raoulmbe.com,2013:Post/2229171 2025-10-10T10:21:48Z 2025-10-10T10:21:50Z « J’ai construit ma maison au pays. »

C’est la phrase que j’entends le plus souvent dans la bouche des Africains installés en Occident. Elle sonne comme une promesse. Une façon de dire au pays : je ne t’ai pas oublié, je reviendrai. 

Sauf que… presque personne ne rentre vraiment. Même si on dit presque tous : 

  • Je ne me vois pas vieillir en maison de retraite ici. 
  • Je ne supporte plus le froid. 

Et pourtant, les années passent, et nous sommes toujours là. Moi-même, le premier. À force de bâtir notre vie ici, nous avons pris, sans nous en rendre compte, une série de décisions qui nous attachent au sol européen : travail, mariage, enfants, crédits, promesse de retraite, école, habitudes. 

Chaque décision semblait anodine. Ensemble, elles ont fini par tisser une toile difficile à quitter. En plus on n’avait pas de vrai plan à l’arrivée. Juste un rêve vague : Fuire « le continang » . C’est pour ça que je crois qu’avant de rêver du retour, il faut comprendre ce qui nous retient. 

Dans la communauté Campus Mbe, nous voulons aborder cette question autrement : réfléchir au retour comme un projet structuré, pas comme une nostalgie. Construire un modèle de vie en Occident qui laisse la porte du retour ouverte. 

Rejoins-nous. On va tester, ensemble, une expérience grandeur nature : comment rentrer sans tout perdre, et sans se perdre. Parce que rentrer, ce n’est pas un retour en arrière. C’est une continuité qu’il faut préparer.

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Raoul Mbe
tag:raoulmbe.com,2013:Post/2229170 2025-10-09T07:10:00Z 2025-10-09T10:00:06Z En 2017, quand j’ai dit à ma mère que je voulais me marier,

la première question qu’elle m’a posée a été : 

 — Tu crois que tes enfants vont revenir au Cameroun ? 

J’ai mis du temps à répondre. Sa voix tremblait un peu au téléphone. J’ai compris que ce n’était pas une simple question, mais une peur qui parlait. Elle était inquiète. Pour elle, les enfants suivent toujours leur mère. Ma femme n’étant pas Camerounaise, c’était perdu d’avance. 

Je n’ai pas ri au téléphone, par respect — et parce que j’entendais l’inquiétude dans sa voix. J’ai essayé de la rassurer… puis je me suis marié. Mais la vérité, c’est que j’étais naïf. Pas à cause de l’origine de ma femme, mais parce que je ne mesurais pas encore les enjeux du mariage pour un Africain en Occident. 

Après les études, beaucoup d’entre nous se posent les mêmes questions : 

  • Faut-il épouser un(e) Européen(ne) pour mieux s’intégrer ? 
  • Faut-il aller chercher son partenaire “au pays” pour rester connecté ? 
  • Ou choisir quelqu’un de sa région, de son village ? 

Ce que je sais aujourd’hui, c’est que si tu choisis mal ta / ton partenaire, tu hypothèques déjà une grande partie de ta vie. 

C’est pour cela que, dans Campus Mbe, nous portons une attention particulière à la question du mariage à l’étranger. L’objectif : t’aider à te poser les bonnes questions avant de t’engager dans une aventure qui dépasse le simple amour.

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Raoul Mbe
tag:raoulmbe.com,2013:Post/2229166 2025-10-07T10:00:00Z 2025-10-08T15:04:55Z Je ne savais pas que j’étais noir.

Pas parce que je l’ignorais, mais parce qu’au Cameroun, la question ne se posait tout simplement pas. Quand j’étais petit, je voyais les blancs à la télé, ou parfois dans la rue, au marché, une fois par mois peut-être. C’était rare, presque exotique, mais sans grande importance.

C’est une fois arrivé en Occident que j’ai découvert ma couleur — non pas dans le miroir, mais dans le regard des autres. Je me souviens encore d’un jour à la plage d’Odessa. Un petit garçon, à peu près de l’âge de mon fils Akil, s’est approché de moi, m’a pris la main, puis a regardé la sienne comme pour vérifier si ma peau pouvait déteindre. Il a ensuite couru vers sa mère, émerveillé. Moi, je suis resté là, mi-amusé, mi-troublé. 

Beaucoup de jeunes Africains vivent ce même moment sans s’y attendre. Avant de partir, ils ne se sont jamais vraiment posé la question de leur identité. Et un jour, brutalement, ils découvrent qu’ils sont “noirs”… parce que le monde le leur rappelle. 

Certains finissent par vouloir fuir ce miroir : ils évitent les leurs, changent d’accent, rejettent la nourriture du pays, disent qu’ils ne supportent plus la chaleur du Cameroun. Je crois qu’aller à l’étranger sans se connaître soi-même, c’est risquer un effacement programmé. 

C'est pour éviter ces chocs et traumatismes que dans la communauté Campus Mbe. Une attention particulière sera portée à l'identité. L'objectif étant d’apprendre à se connaître, à se situer, à s’affirmer. Pour ne pas laisser nos petits frères se perdre en se cherchant.

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Raoul Mbe
tag:raoulmbe.com,2013:Post/2229163 2025-10-06T10:00:00Z 2025-10-08T14:57:47Z À partir du lycée, mon père me donnait l’argent à la semaine.

Il disait que c’était pour m’apprendre à gérer mon argent. En règle générale, ça se passait bien. Je réussissais à tenir sur la semaine, même si, de temps en temps, le mercredi, j’étais à sec. Parce qu’une petite m’avait gratté ou parce que j’avais fait la fête. 

Mais j’avais mon backup : ma mère, qui était toujours là au cas où.

Quand je travaillais en France comme veilleur de nuit, je gagnais 1 000 € nets par mois. Un beau budget que je gérais bien. Je m’étais même payé des vacances au Cameroun en 2015. En 2017, quand je suis devenu ingénieur à temps plein et que j’ai reçu mon premier salaire supérieur à 2 000 €, c’était la fête. C’était beaucoup. Je dépensais, ça ne finissait pas . J’ai très vite augmenté mon niveau de vie : appartement plus grand, nouvelle voiture, voyages par-ci, par-là. Très vite, j’ai compris que 2 000 € pouvaient être “petits”.

C’est comme ça que j’ai redécouvert le découvert… et les paiements en plusieurs fois. La vie m’a enseigné. Beaucoup de gars arrivent en Occident avec presque zéro notion de gestion de budget. Et même ceux qui savent gérer ne connaissent pas les pièges sophistiqués des organismes de crédit des pays occidentaux. 

Beaucoup se retrouvent piégés. C’est pourquoi, dans notre communauté Campus Mbe, on met un point d’honneur sur la gestion du budget. Parce qu’on sait que, quel que soit le montant de tes revenus, si tu ne sais pas gérer un budget… tu vas seulement lire l’heure.

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Raoul Mbe
tag:raoulmbe.com,2013:Post/2229165 2025-10-05T10:00:00Z 2025-10-08T15:01:53Z Quand on laisse les enfants dans la nature sans leur transmettre une mission.

Ils avancent sans fil directeur guidés seulement par l'argent et "les opportunités". Moi j'ai fait un BAC G2, un an de prépa Telecom, un DUT Comptabilité-Finance, un master système d'information pour travailler au final en maintenance. Essaie de trouver la logique. 

En entretien d'embauche, je serais capable de raconter une histoire cohérente sur mon parcours universitaire mais la vérité est que j'ai avancé en mode aveugle jusqu’à la fin.

Il y'a quelques jours l'une de mes nièces m'a écrit : "Paa j'ai besoin de ton aide pour choisir ma formation". Son message était suivi d'une liste de spécialité pour la licence. Derrière son message ce que j’ai lu c'est : "mon tonton riche, je peux faire quelle formation pour gagner autant d'argent que toi ?". Dans tout ça 5 francs même je n'ai pas. 

Pour être plus sérieux, la question de l'orientation ne peut pas se résumer à une liste de spécialité à choisir. Idéalement il faudrait travailler dans un domaine qu’on aime. Malheureusement on ne peut pas vivre de ce qu’on aime et d’eau fraiche. Au-delà de cet idéal, je dirais qu'il faut choisir une formation qui oriente vers un travail dans lequel il y'a de la pénurie et qui rémunère bien. Parce qu'à la fin de la journée il faudra payer les factures. Et peut-être aider les parents qui n'ont pas de retraite. 

La limite de cet approche pragmatique est d'avoir une vie fade. Oui parce que l'argent ne résout pas tous les problèmes. Aujourd’hui, le vrai luxe, ce n’est pas de choisir une formation qui paie. C’est de trouver un métier qui parle à ton âme, et te permet quand même de payer les factures. Choisir une formation n’est pas une chose anodine. On doute, on hésite, on se demande si on fait le bon choix. 

C’est pour répondre à ce genre de questions que, dans la communauté Campus Mbe, une attention particulière sera portée à l’orientation. Pas pour vous dire quelle est la “meilleure” formation à faire. Mais pour vous donner des clés concrètes — afin de vivre dignement de votre travail, sans avoir une vie dénuée de sens.

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Raoul Mbe
tag:raoulmbe.com,2013:Post/2229176 2025-10-04T10:00:00Z 2025-10-08T15:31:35Z Je ne sais pas ce que je serais sans toi.

Et dire que tu n’es là que depuis deux ans. 💛

Aujourd’hui, Kimia fête son anniversaire.

Pendant qu’on lui chantait le fameux « joyeux anniversaire », je l’ai regardée sourire…

Et j’ai réalisé à quel point son petit visage embellit mes journées.

C’est le genre d’enfant qui déborde d’énergie, et qui trouve toujours le moyen de te faire exploser de rire, même quand tu rentres cassé en deux.

Et là, une pensée m’a traversé l’esprit : on dit souvent que chaque enfant est différent…

Moi, je crois que chaque enfant vient avec sa qualité de bonheur. 

Et la qualité que Kimia m’apporte est « bobé ». Merci ma fille, de pimenter ma vie. Tu rends mes journées plus vraies, plus vivantes.

Joignez-vous à moi pour souhaiter un joyeux anniversaire à ma Kimia . 🎂💫

En écrivant ces lignes, je me suis dis que le bonheur n’est pas dans les grandes choses.

Il est dans ces petits visages, ces rires, ces présences qui nous réparent sans le savoir.

Si quelqu’un met de la lumière dans ta vie, dis-le-lui.

N’attends pas un anniversaire pour le faire. 

———————

(P.S. aujourd’hui, j’avais prévu de parler de santé. Mais ici, je parle surtout de ce qui me fait vibrer. Et Kimia en fait partie.)


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Raoul Mbe
tag:raoulmbe.com,2013:Post/2229173 2025-10-03T10:00:00Z 2025-10-08T15:21:43Z « Papa, c’est ce que je voulais te dire ce matin… mais j’avais peur. »

Aujourd’hui, j’ai récupéré Akil et Melody à l’école pour déjeuner ensemble.

Le matin, j’avais pris soin de leur demander :

— « Vous avez une préférence pour le menu ? »

Réponse unanime :

— « Papa, on te laisse choisir. »


Sauf que… Papa a allumé son PC, et a complètement oublié de réfléchir au menu 🤦🏽‍♂️.


À midi, au moment de les récupérer à l’école je leur redonne une chance :

— « Les cocos, c’est votre dernier mot, vous choisissez quoi ? »

Encore la même réponse :

— « Papa, on te laisse choisir. »


N’ayant rien prévu, je sors mon joker :

— « Alors, exceptionnellement, on va au McDo ! »


Et là… explosion de joie dans la voiture. Comme si la Côte d’Ivoire venait de marquer en finale de Coupe d’Afrique 😅.


C’est à ce moment que Melody m’a lâché cette phrase :

— « Papa, c’est ce que je voulais te dire ce matin, mais j’avais peur. »


Je lui ai répondu en souriant :

— « Ma chérie, tu n’as jamais à avoir peur de me dire ce que tu veux. Dans le pire des cas, je te dis non. »


Mais sa phrase m’a marqué. J’ai réalisé que, peut-être, je lui avais déjà transmis cette idée que certains désirs sont interdits. Moi qui ai souvent présenté McDo comme « le diable », j’ai créé une hésitation dans son cœur d’enfant.


Alors je m’interroge :

👉 Pour transmettre de bonnes habitudes alimentaires, faut-il interdire totalement la junk food et les sucreries (au risque de créer un manque) ?

Ou bien exposer les enfants à tout, et espérer qu’ils deviennent sages d’eux-mêmes plus tard ?


Interdire crée le manque. Autoriser sans limites crée l’excès. Le vrai boulot de parent, c’est d’enseigner la mesure.


Raoul Mbe, 


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Raoul Mbe
tag:raoulmbe.com,2013:Post/2228206 2025-09-17T10:00:00Z 2025-10-08T15:05:20Z Je suis arrivé en Italie avec 150 € en poche. Personne ne m’attendait à l’aéroport.
C’est mon ami Steve qui m’avait prêté une partie de l’argent quand je quittais l’Ukraine.
Notre vol avait atterri dans la nuit vers 23 h et une fois sorti de l’aéroport il n’y avait plus de bus pour me transporter jusqu’à la gare où je devais prendre le train pour la ville de Parme.

La seule option qui me restait était le taxi. Mais je ne pouvais pas m’amuser à le prendre vu mon budget.
Après quelques minutes de réflexion, j’ai repéré des personnes comme moi qui cherchaient un moyen de rejoindre la gare de Milano Centrale.
Je leur ai proposé de prendre un taxi ensemble et de se partager les frais. Une seule personne a accepté le deal. Un jeune étudiant égyptien.

Une fois à la gare de train, j’étais perdu. 
Entre l’achat du ticket et la recherche du quai, mon train pour Parme est parti sans moi.
C’était le dernier. 

J’étais donc résigné à dormir à la gare.

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Raoul Mbe
tag:raoulmbe.com,2013:Post/2229168 2025-09-08T10:00:00Z 2025-10-08T15:09:04Z On part pour réussir.

Mais… c’est quoi, réussir ? 

Et surtout, peut-on vraiment partir chercher quelque chose qu’on ne connaît pas ?

Je suis convaincu que l’une des principales raisons de la frustration de beaucoup de candidats à l’exil, c’est le manque de clarté. 

 Beaucoup partent avec une image floue : “réussir”, ça veut dire avoir des papiers, un bon salaire, ou une belle voiture, envoyer l’argent au pays, construire sa maison au village… C’est ça réussir ? 

 Mais très vite, ils découvrent que tout ça ne suffit pas à remplir le vide intérieur. Parce qu’à la fin, la vraie réussite, c’est peut-être simplement de se sentir aligné entre ce qu’on veut, ce qu’on fait, et ce qu’on est. 

 C’est pour cette raison que, dans notre communauté — Campus Mbe — nous mettons un point d’attention particulier sur la question de la réussite. Le but n’est pas de vous donner une définition toute faite. Mais de vous aider à explorer plusieurs chemins, à construire votre propre vision de la réussite, et à la faire évoluer au fil du temps… 

…sans jamais renier vos valeurs, vos racines, ni ce que vous êtes.

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Raoul Mbe
tag:raoulmbe.com,2013:Post/2228216 2025-09-08T10:00:00Z 2025-10-04T08:52:14Z J’ai failli devenir arbitre juste pour payer mon loyer
Je n’aimais pas le football, mais j’ai failli devenir arbitre rien que pour payer mon loyer.

Fin 2013, je regarde mon compte bancaire et je prends conscience qu’il me faut une entrée d’argent supplémentaire.

J’étais en 2ème année de DUT à Grenoble et malgré les deux bourses que j’avais eues, mes prévisions budgétaires me disaient que je ne pouvais pas tenir jusqu’à la fin de l’année, et surtout la bourse n’était pas garantie l’année suivante.

Je fais un CV et je candidate à tous les jobs étudiants qui bougent : fast-food, hôtel, restaurant, supermarché, mairie.
Après l’envoi par mail et le dépôt physique de plus d’une vingtaine de CV sans succès, je décide de changer de stratégie. Je regarde du côté du sport.

En Europe, pour joindre les deux bouts, certains étudiants se transforment en arbitres dans les championnats locaux. Même si je n’aime pas le football, c’était accessible car c’est le seul sport dont je connaissais quelques règles. Je me suis donc lancé.

En fait, dans le département de l’Isère, pour être arbitre de football il fallait :

           - Avoir une licence avec une équipe du championnat

           - Avoir un diplôme du District de football de l’Isère

Chaque match était rémunéré d’une indemnité de 25 euros en plus des frais kilométriques allant de 20 à 40 euros par match en fonction de la distance. Le calcul était simple : arbitrer deux matchs par week-end et viser une indemnité de 40 euros minimum par match, et donc un revenu de 320 euros par mois. 

J’ai appelé le district le même jour pour savoir quels étaient les clubs à la recherche d’arbitres et, coup de chance, mon interlocuteur connaissait un coach à Saint-Martin-d’Hères qui recherchait un arbitre pour son club.
Quelques semaines plus tard, j’avais la licence du club et une inscription pour la formation d’arbitre. C’était un week-end ensoleillé dans un petit village de montagne de l’Isère.
En un week-end j’ai appris dans le détail toutes les règles du football. J’ai participé aux mises en situation et je suis rentré chez moi avec mon diplôme d’arbitre.

Il ne fallait plus qu’attendre le début de la saison pour faire deux stages avec des arbitres expérimentés et commencer à son tour à manger l’argent de l’arbitrage. Parce que pour dire vrai, ma seule motivation était l’argent. J’ai très peu d’intérêt pour le football.
Au final, je n’ai jamais mangé l’argent de l’arbitrage. En fait, en septembre 2014, j’ai dû changer de ville. J’ai quitté Grenoble pour Annecy. J’avais trouvé une bonne formation là-bas. Vous savez, pour le fameux diplôme.

Arrivé dans le monde de l’arbitrage par cupidité, j’y ai rencontré des personnes passionnées. Toutes ces personnes qui travaillaient comme bénévoles dans des associations de football dans tout le département. Ces personnes qui dédiaient une partie de leur vie à leur passion gratuitement.
J’en suis sorti avec des doutes sur la question de l’argent. J’y ai appris que le manque d’argent nous fait croire que seul l’argent doit guider nos choix. 

Mais peut-on donner le meilleur de soi quand on n’aime pas ?
En tout cas, aujourd’hui je peux dire que l’argent soulage, mais il n’inspire pas. Ce qui donne du sens, ce n’est pas ce qu’on gagne, mais ce qu’on apprend et ce qu’on construit en chemin.
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Raoul Mbe
tag:raoulmbe.com,2013:Post/2228218 2025-09-04T10:00:00Z 2025-10-04T07:12:17Z BAC + 5 : La victoire inachevée
En 2017, je présentais mon rapport de stage de fin d’études dans mon université à Annecy.

Quelques années auparavant j’avais quitté mon pays pour aller étudier en Europe. Et finalement j’avais obtenu le fameux diplôme. Le Bac + 5.

C’était pour moi l’aboutissement de 6 longues années pendant lesquelles je courais nuit et jour entre job étudiant, vie sociale et études. Ce diplôme était la raison pour laquelle je supportais toutes les difficultés du quotidien. Je me disais souvent : “Raoul, le plus important c’est ton diplôme. Le reste là, c’est rien.”

Ce jour-là, j’étais content, je ressentais une petite sensation de liberté, un gros milestone comme on dit. Mais en même temps, j’avais la boule au ventre. En fait, mon titre de séjour devait expirer 3 mois après et je devais trouver une raison de squatter le territoire français.

Le Cameroun me manquait, mais malgré toutes les difficultés en France, je n’avais pas prévu de rentrer m’y installer. Je devais donc trouver une couverture pour ne pas me retrouver sans papiers.

Pour la petite histoire, tous les étudiants camerounais en France ont un titre de séjour étudiant. C’est ce document qui leur permet de rester légalement sur le territoire français. À la fin des études, ils doivent changer de titre de séjour.

Et c’est souvent là où l’acteur meurt dans son film. À la fin des études, chaque étudiant camerounais avait le droit de demander l’APS (Attestation Provisoire de Séjour). Un titre de séjour de 6 mois renouvelable une fois. Ce titre de séjour permettait de trouver du travail ou de créer une entreprise sous certaines conditions.

Le problème est qu’en tant que jeune diplômé, le monde du travail ne t’attend pas les bras ouverts et souvent 1 an ne suffit pas pour trouver un travail en lien avec ton diplôme ou créer une entreprise. Pour ne pas se retrouver en situation irrégulière, de nombreux étudiants se lancent dans des schémas compliqués.

Sans jugement !

J’ai vu certains gars faire 3 masters, d’autres se marier avec des gens qu’ils n’aimaient pas, ou bien même faire des enfants. Sans oublier les étudiants qui se transforment en réfugiés en fin de parcours.

En tout cas, beaucoup se compromettent. Renient leurs valeurs allant souvent même jusqu’à la déshumanisation pour avoir leurs papiers. Sur le coup, on ne réalise pas souvent l’impact de ces décisions pour la suite de nos vies.

Dans chaque parcours migratoire, il y a une violence silencieuse, une pression psychologique, un sacrifice et une solitude dont les histoires romancées des réussites des "mbenguistes" ne mentionnent jamais. Mais ces réussites sont elles synonymes d’épanouissement ? 

Aujourd’hui, avec du recul, je réalise que le visa étudiant n’était pas seulement un accès aux études universitaires. C’était une porte. Une porte vers l’inconnu, vers les choix difficiles, vers les compromis parfois douloureux.

Ce parcours m’a appris que l’exil n’est pas qu’une question de papiers, c’est une question de dignité, de résilience et de rêves qu’on refuse d’abandonner.

À tous ceux qui arrivent vers ce tunnel, je vous dis : tenez bon. Gardez vos rêves intacts. Ne laissez pas le système vous voler votre humanité. Et surtout, n’oubliez jamais pourquoi vous êtes partis. 


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Raoul Mbe
tag:raoulmbe.com,2013:Post/2228224 2025-08-29T10:00:00Z 2025-10-08T15:05:45Z J’ai grandi au marché.
Après les cours, le week-end, pendant les grandes vacances scolaires : le marché était ma deuxième maison.

À partir de la classe de seconde c’était systématique. Temps libre signifiait pour moi présence à la boutique à Mokolo. La seule raison valable pour ne pas y aller était l’école. Au marché j’ai appris beaucoup de choses. Entre autres, embrouiller les clients et prendre soin des marchandises.
Mais surtout, j’ai appris une vérité brutale : un diplôme ne garantissait rien. Surtout pas un « travail de bureau ».

En fait, à Mokolo, mes collègues avaient presque tous les profils. Je voyais des ingénieurs vendre des chemises. Des licenciés compter la monnaie derrière les comptoirs. Des titulaires de master courir derrière les clients pour appâcher. Alors je me disais : si même eux n’ont pas trouvé de place, moi je vais devenir quoi ?

Et quand je leur demandais comment ça se fait qu’ils se retrouvent au marché, la réponse était souvent la même : mon petit, est-ce que j’ai le réseau ?

Et moi justement je n’avais pas de réseau. Dans ma famille, presque tout le monde était commerçant en dehors de deux oncles qui étaient enseignants. Je me demandais comment ne pas finir au marché comme eux, après tant d’études. J’avais une idée en tête : trouver le réseau d’un concours et convaincre mes parents de payer.

Sauf qu’une année on a trouvé un réseau pour le concours des instituteurs. C’était pour l’une de mes sœurs. On a payé mais le jour des résultats son nom n’est pas sorti. Les larmes ont coulé. Le zolo était entré 😎. Ce jour-là, j’ai compris que la terre était sale. Que même pour payer, il fallait avoir le réseau.

Toutes ces petites expériences m’ont amené à perdre espoir dans ma capacité de trouver un quelconque métier de bureau après mes études au Cameroun.

C’est ainsi que le projet d’étudier à l’étranger s’est confirmé. Après, il faut aussi avouer qu’à l’époque c’était à la mode.

Dans mon entourage, les familles envoyaient les enfants en Europe et il fallait faire comme les autres. Sans oublier les mbenguistes qui rentraient en vacances au pays. Mon frère, les gars incarnaient la réussite. Leurs habits, leurs accents et surtout les histoires qu’ils nous racontaient.

Je me souviens encore de l’ami d’un ami qui était revenu d’Italie. J’étais capable de payer le vin aux gars pour qu’ils nous racontent les histoires de Mbeng. Le gars réussissait toujours à placer un mot d’italien ici et là comme une espèce de marque du voyageur. J’entendais presque la musique de ses boîtes de nuit, je voyais les lumières qu’il décrivait. Je buvais ses mots comme la Smooth. Ça me faisait rêver. Il me faisait voyager sans visa.

C’est comme ça qu’après mon baccalauréat en 2008, quand mes amis s’inscrivaient à SOA, Douala, la Catho et MATANFEN, moi j’étais inscrit à Der Erfolg à la carrière. Une école de cours d’allemand. Je préparais le ZiDAF moi. 

J’étais inscrit a SOA pour me couvrir. Il ne fallait pas quand même dire à tout le monde que je cherches le voyage. Quand les gars me demandaient : tu fais quoi ? Je disais que je suis étudiant en SECO à SOA. Pourtant dans ma tête, j’étais déjà en route.

Or quitter l’Afrique ce n’est pas voir bébé. Sans m’en rendre compte je m’étais moi même inoculé le virus de Mbeng. Mais ca c’est une autre histoire. 

Aujourd’hui encore, au Cameroun, pour beaucoup de jeunes de ma génération, partir chez « les blancs » est l’ultime espoir de s’arracher des griffes d’un système qui étouffe les rêves.

Voyager n’est plus seulement un projet personnel, c’est un changement de statut social. Dans l’imaginaire collectif, prendre l’avion suffit à incarner la réussite. Peu importe si tu as de l’argent, peu importe qui tu es ou ce que tu sais faire : le simple fait de partir est célébré.

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Raoul Mbe
tag:raoulmbe.com,2013:Post/2228227 2025-08-28T10:00:00Z 2025-10-04T07:53:58Z L’exil est un miroir : il nous renvoie ce qu’on avait mais qu’on ne voyait pas.

Au Cameroun, je n’écoutais pas le bikutsi ni le makossa. Ce n’était pas mon truc. Je préférais Kery James, Sefyu, P-Square, Fally Ipupa, 2Face ou DJ Arafat.

C’est en Ukraine, à des milliers de kilomètres, que Jovi, Charlotte Dipanda, Lady Ponce, Dina Bell et Tom Yoms ont commencé à tourner à fond dans ma playlist. Comme si l’exil avait rallumé une oreille que je n’avais jamais tendue.

Aujourd’hui encore, même si j’habite en France, YouTube me rappelle ma propre contradiction : en 2024, mes artistes les plus écoutés étaient Cysoul, suivi des rythmeurs ABC (pour les vrais connaisseurs 😅).

Je ne suis pas un cas isolé. J’ai l’impression que les gens qui, au Cameroun, n’écoutaient que du rap US se retrouvent en train d’écouter l’assiko et le benskin dans leur salon en France.

Alors je me suis souvent demandé : pourquoi faut-il s’exiler pour apprendre à aimer intensément ce qu’on avait depuis toujours ?

Le week-end dernier, j’ai creusé et je crois avoir trouvé une partie de la réponse : les habitudes.

En fait, nos habitudes — alimentaires, sociales, religieuses, langagières — sont comme des racines. Quand on vit au pays, elles sont tellement naturelles qu’on n’y pense même pas.

Elles sont liées au système de récompense du cerveau : elles créent du confort et nous procurent un sentiment de stabilité. Quand elles disparaissent brutalement, le cerveau le vit comme un sevrage. Leur absence devient douloureuse.

C’est ce qui nous arrive une fois déplacés : on découvre que ce qui nous tenait debout, c’étaient ces petits rituels répétés.

Alors on cherche à compenser, on développe des stratégies d’adaptation en écoutant la musique qu’on n’avait jamais choisie mais qui était tout autour de nous.

L’exil nous apprend que parfois, ce qui nous manque le plus, ce n’est pas le pays. Ce sont nos propres habitudes.

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Raoul Mbe
tag:raoulmbe.com,2013:Post/2228229 2025-08-27T10:00:00Z 2025-10-08T15:06:20Z Au Cameroun, la prière de beaucoup de parents quand ils accompagnent leur enfant à l’aéroport, c’est souvent qu’il traverse le poste de douane.

En gros, qu’il arrive quoi.

Comme si le seul fait d’entrer sur le territoire européen était déjà une réussite. Pourtant, cette étape n’est rien devant le véritable challenge que représente l’exil.

Moi, j’ai quitté le Cameroun en novembre 2011. À peine arrivé, je devais commencer l’université.

J’étais enthousiaste. Le premier jour de classe, il faisait -12 degrés à l’extérieur. C’était mon premier hiver, mais à 5h du matin j’étais déjà réveillé… pour un cours qui commençait à 14h.

Hier soir, sur un statut WhatsApp, je suis tombé sur la photo d’une dizaine d’étudiants camerounais valises flambant neuves, sourire accroché au visage et poster de mbenguiste qui venaient à peine d’arriver à l’aéroport de Bruxelles pour poursuivre leurs études.

C’est sûrement l’accomplissement d’un rêve.

Certains ont probablement jeûné pour la demande de visa. C’était peut-être leur premier vol en avion. Leur première fois d’arriver dans un endroit aussi beau et propre.

Je les ai regardés et j’ai souri : j’ai vu mon propre visage d’il y a 13 ans 

Mais je sais aussi ce qui les attend. Ils doivent être surexcités. Mais comme souvent, quelques semaines plus tard, viennent les difficultés du quotidien, les doutes et le mal du pays.

Chaque année, c’est la même chose. on envoie nos jeunes à l’autre bout du monde comme on envoie un colis : sans la moindre préparation. Comme si on les vendait. 

Beaucoup n’ont jamais passé une nuit seuls au Cameroun, mais on les expédie en Europe avec un simple visa et des valises pleines de rêves. Comme si c’était facile. Pourtant, chaque année, on entend parler de la détresse de ces jeunes.

En voyant cette photo, une question m’a frappé :

  • Est-ce que ces jeunes savent seulement où ils sont arrivés ?
  • Qu’aurais-je voulu savoir, moi, à vingt ans, avant de poser le pied ici ?

Je ne parle pas de comment trouver un job ou remplir un formulaire : Google et YouTube débordent déjà de tutos pour ça.

Mais les choses invisibles : L’histoire, la culture et les codes qu’on croit secondaires mais qui décident en réalité de tout. Comprendre pourquoi il faut tenir un budget et comment.  Pourquoi les relations se construisent différemment.

L’immigration telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui est une forme moderne de sacrifice des jeunes Africains. Le système et les familles complices créent une grande vulnérabilité. La seule arme, c’est la transmission des codes invisibles.

Alors j’ai pris une décision : écrire.

L’idée est d’écrire à la personne que j’étais il y a 13 ans, quand j’ai quitté le Cameroun. Écrire à ceux qui arrivent aujourd’hui, le cœur battant, persuadés que le plus dur est derrière eux. 

Dire à ces jeunes ce que les jeunes Européens savent, mais qu’eux ignorent. Pas pour qu’ils deviennent des “petits blancs”, Mais pour qu’ils comprennent le comment et le pourquoi des choses.

Parce que personne ne devrait arriver en Europe en tâtonnant comme nous l’avons fait.

Si tu penses que ce texte peut aider quelqu’un que tu connais, partage le. Plus il y aura des personnes intéressés, plus j’aurai la force de transformer cette idée en un vrai guide.

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Raoul Mbe
tag:raoulmbe.com,2013:Post/2228226 2025-08-22T10:00:00Z 2025-10-04T07:50:06Z Mes parents : Des commerçants qui croyaient au pouvoir des cahiers
Mes parents ne comptaient pas quand il s’agissait de l’école. Professeur particulier en maths et en physique, école privée, livres et fascicules de tout genre. 

Il suffisait de demander et ils passaient à la caisse sans poser de questions.
C’était presqu’une obsession pour eux. C’est grâce à ce choix qu’aujourd’hui je peux écrire ces lignes. 

Mais avant de parler de l’école, laisse moi te peindre le décor de mon enfance. 

J’ai grandi à Yaoundé, à Kondengui plage. On appelait ça plage, non pas pour le sable fin, mais parce que le quartier était traversé par l’elobie (un marécage). Notre maison se trouvait juste à côté. En saison sèche, on avait une belle vue. Mais quand la pluie arrivait, c’était une autre histoire 😅. 
Nous étions une giga famille : 10 enfants, 2 mères. Sans oublier les tantes et les cousins souvent de passage. 

En période normale on pouvait facilement être 16 personnes dans la maison. Moi, j’étais le 6e enfant de cette équipe bien mélangée. J’ai 4 frères et 4 sœurs. 

Mon père et ma mère étaient tous deux commerçants, au marché de Mvog-Mbi et d’Ékounou. Mon père quittait la maison à 7h et revenait à 20h, sept jours sur sept. Les vacances n’existaient pas. Ma mère aussi travaillait du lundi au dimanche, avec un peu plus de souplesse. Quand j’y pense, presque tout le monde dans ma famille proche et éloignée était commerçant.

Pour mes parents, le succès à l’école était le meilleur chemin vers la réussite. La règle était simple : tu avais droit à quelques plaisirs si tu avais de bonnes notes à l’école. 

Chez nous, les plaisirs, c’était les yaourts Camlait et le Nestlé aux oiseaux avec le pain ✌️. 
Moi, j’étais bon à ce jeu. À l’école primaire, j’étais souvent parmi les premiers de la classe (mes amis du primaire peuvent confirmer 😎). Au lycée, j’étais mal organisé. Je ne travaillais pas assez ou alors uniquement quand c’était nécessaire, genre avant les examens.

Il faut aussi avouer que, comme tout adolescent qui se respecte, j’avais découvert la vie. Je me reposais sur les bases solides que j’avais acquises avant. Mon objectif était d’avoir les notes me permettant de passer en classe supérieure.

J’ai eu la chance d’être bien accompagné pendant tout mon cursus scolaire. Résultat : je n’ai jamais redoublé une classe.

Dans le quartier, j’avais plein d’amis. Notre seule contrainte : rentrer avant la tombée de la nuit. On passait nos journées à jouer dans la cour des maisons jusqu’à épuisement. Le foot, la course poursuite, le ndochi babouche, 1, 2, 3, 4 soleil pour ne citer que ceux là 😂. 

Je n’ai pas toujours eu de cadeaux à Noël, ni fêté mes anniversaires. Mes vacances, c’était soit au village avec mes grands-parents, soit au marché à aider ma famille. Mais j’étais heureux. Plus qu’heureux. 

Quand j’y pense ça me conforte à l’idée que « le confort » actuel en Europe n’est pas l’unique modèle de bonheur. Et que le bonheur n’est pas seulement dans les cadeaux ou les vacances, mais dans la famille, les amies, l’effort et la simplicité.

Ceux qui ont grandi comme moi savent : on n’avait pas tout, mais on avait l’essentiel. Et c’est cet essentiel qui nous a portés jusqu’ici.

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Raoul Mbe
tag:raoulmbe.com,2013:Post/2228230 2025-08-21T10:00:00Z 2025-10-04T08:16:10Z La plus belle chose qu’on peut donner à un enfant n’est pas une bonne école… mais la confiance en lui.

En revenant du Cameroun, j’ai offert à mon fils un cadeau un peu particulier : tous les livres du programme de CE1 au Cameroun. 

Hier matin, avant de partir jouer, son défi était simple : lire le premier chapitre du livre de littérature CE1 et me raconter ce qu’il avait retenu de l’histoire.

Quelques minutes plus tard, le gar débarque sur mon bureau (dans ma chambre) : Papa, tu es en réunion ? Je suis prêt à te raconter l’histoire de Benjamin.

J’étais en télétravail, alors je lui réponds : Attends un peu, je termine et je viens t’écouter.

À ma pause, je l’appelle. Il se lance. Et là surprise : il ne me résume pas un chapitre. Il me résume tout le livre. C’était un peu long et tout mélangé 😅.  Au lieu de suivre la consigne, il avait tout dévoré d’un coup.

Intrigué, je lui ai demandé de relire le premier chapitre devant moi et de répondre aux questions. Le résultat m’a bluffé, même si la prononciation du nom du directeur, M. Ayolo, manquait un peu d’accent du terroir camerounais 😅. 

Je l’ai félicité. Il est parti jouer, fier. Et moi encore plus fier que lui. En fait, j’ai réalisé que j’ai tendance à souvent sous-estimer ses capacités 😔. 

Pire : j’ai cette mauvaise habitude de le comparer à moi, à son âge.

Je ne lui dis pas directement, mais dans ma tête je me fais des réflexions du genre : “Est-ce normal qu’il ne sache pas encore faire ça ? Moi, à son âge, j’y arrivais déjà.”

Sauf que c’est faux : je n’ai presque aucun souvenir précis de moi à son âge. Juste que j’étais premier de la classe en primaire et que tout s’est arrêté quand je suis parti à la recherche du fruit défendu. 😅

Plus sérieusement ce dont je me souviens vraiment, c’est que chez moi, on m’a toujours répété que j’étais bon, que j’étais à la hauteur. Et ça, je ne l’ai jamais oublié.

Aujourd’hui, on entend partout que les enfants sont fainéants, collés aux écrans, incapables de se concentrer, que le niveau est trop bas. Même ceux qui étaient moyen enfants répètent aussi ça 😂. 

Ce flot d’idées négatives nous met une pression folle comme parents. On finit par douter de nos propres enfants. On se demande :

  •  Et si mon enfant était bête ?
  •  Et s’il n’avait pas le niveau ?

Si nous même on se mets à douter, qui pourra croire en eux ? Chaque époque a ses défis. Nos parents aussi pensaient qu’on était mous. Pourtant nous sommes là, à gérer nos vies, nos familles, nos responsabilités. Certains parmis nous s’essaient même à éduquer des enfants 😎. 

Alors, la plus belle chose que nous puissions transmettre à nos enfants, ce n’est pas une école prestigieuse, ni plein de cadeaux, ni des notes parfaites.

C’est ce super-pouvoir invisible : la confiance en soi.

Parce qu’un enfant qui doute commence toujours sa course avec un handicap.

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Raoul Mbe
tag:raoulmbe.com,2013:Post/2228231 2025-08-14T10:00:00Z 2025-10-04T08:18:53Z Il y a ceux qui prennent le temps et ceux qui font quand ils ont le temps.

La différence n’est pas seulement dans l’emploi du temps, mais dans la façon de voir la vie, dans les priorités qu’on donne aux choses.

Les premiers décident : ils inscrivent ce qui compte dans leur agenda avant tout le reste, et donc dédient un moment dans la journée à ce qui compte vraiment pour eux.

Les seconds subissent : ils laissent ce qu’ils considèrent comme leurs priorités se glisser dans les interstices laissés par le quotidien.
Prendre le temps, c’est dire : “Ça compte, alors je le fais maintenant.”

Faire quand on a le temps, c’est accepter que ce qui compte dépende de la météo, de l’humeur ou des urgences des autres.

À l’heure où toutes les routines sont chamboulées, où les choses à faire s’entassent dans les to-do lists ou dans un coin du cerveau, il est important de connaître ses priorités et de continuer à exécuter.

Les jours passent pour tout le monde. Mais les vies se construisent différemment. Une brique posée chaque jour fait un mur.

Une brique posée quand on y pense fait un tas de briques.

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Raoul Mbe
tag:raoulmbe.com,2013:Post/2228233 2025-07-29T10:00:00Z 2025-10-04T08:26:28Z On était jeunes, fauchés, amoureux et on l’a fait quand même

En 2017 quand j’ai annoncé à ma mère que je devais me marié, elle était paniquée. Après plusieurs jours d’échanges elle m’a dit : «Raoul est-ce que tu crois que tes enfants vont souvent venir au Cameroun si ta femme n’est pas Camerounaise ».

J’ai compris ses peurs et je l’ai rassuré. Mon père lui m’a dit :  « Raoul, si tu penses que c’est la bonne personne je te suis ». 

Finalement le 29.07.2017, je me mariait à Grenoble. J’ai signé devant le maire sans lire 😅. 
C’était un beau jour ensoleillé. J’étais entouré de mes proches. Mes gars sûres. 
Tout c’était organisé dans la plus grande simplicité. De toutes les façons nous n’avions pas les moyens. À l’époque j’étais en stage de fin d’études. 

Stéphane a payé la salle, Ronel a payé le DJ,  Idriss a ramené son gros SUV pour accompagner les mariés, Guillaume et Éric ont géré la nourriture, Sabine était photographe. Brice a fait les papiers au pays. Martial, Franck, Carole, Elodie, César, Arsène, Tassa, George……

Presque tout le monde a participé. 

Si vous voulez organiser un mariage gratuitement appeler moi 😎. Mais il faut surtout être bien entouré. C’était mon cas. 
Quand j’y repense, je suis nostalgique. Ce jour-là, on était presque heureux. On a fait la mairie, les photos, le vin d’honneur et la soirée. La fête fut belle puis on est rentrés dans notre 20 m² couple de jeunes étudiants. Le mariage passé, la vie a continué 😊.

Autour de moi, une question revenait souvent : Comment as-tu su que c’était la bonne ?

La légende dit que le choix de son/sa partenaire est une des décisions les plus critiques de la vie.
Tellement critique que beaucoup vivent ensemble pendant des années sans jamais franchir ce cap, par peur de se tromper. 
Ils hésitent, se questionnent étudient le dossier et attendent. 

Moi, j’ai décidé de me marier sans attendre d’avoir toutes les garanties. Je n’avais qu’un critère : l’état d’esprit. Et un guide : le feeling.

C’était fou mais sincère. 
La décision de me marier était un mélange de folie et de naïveté. Pourtant quand je regarde dans le rétro et je pense au chemin parcouru je ne regrette rien. 

Pleins de belles choses et aussi beaucoup de challenges. Mais les problèmes c’est pour les Hommes et pour l’instant on est dedans.

Je sais que les histoires que je racontes ici peuvent vous faire croire que je suis immature mais j’ai une petite expérience si vous avez les questions/problèmes de mariage n’hésitez pas à venir poser questions. 

On ne sais jamais 😎. 

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Raoul Mbe
tag:raoulmbe.com,2013:Post/2228234 2025-04-26T10:00:00Z 2025-10-04T08:30:46Z Omelettes matin, midi et soir : mes débuts d’expat en Ukraine.

En 2011, quand je suis arrivé en Ukraine, je ne savais rien cuisiner d’autre que des omelettes. Pendant deux semaines, c’est tout ce que j’ai mangé le midi et le soir. 

Un jour décidé à changer de menu, j’ai tenté les spaghettis sautées. J’ai tout acheté, j’ai suivi à la lettre la recette trouvée sur internet. 

Résultat : toute la marmite a fini à la poubelle. 

Trop d’huile, beaucoup trop de sel. Bref c’était immangeable. Une vraie catastrophe. 
Ce jour-là, j’ai compris que si je ne voulais pas finir malade, affamé ou sans un sou, il fallait que j’apprenne à cuisiner. Sérieusement.

Avant l’Ukraine, je n’avais presque jamais mis les pieds dans une cuisine pour faire à manger.
Je viens d’une famille de 10 enfants, avec 3 grandes sœurs et 2 petites.
Chez nous, la cuisine était “l’affaire des femmes”.
Mon job, c’était de laver le salon, de balayer les vérandas. Les marmites, je les regardais de loin 😅.

Mais en Ukraine, sans maman ni sœurs pour me préparer à manger, il fallait que je trouve une solution.
J’avais deux options : manger au restaurant ou trouver une copine qui me ferait à manger.
Mais je n’avais pas d’argent.
Ni pour manger au restaurant.
Ni pour m’offrir le luxe d’avoir une petite amie.
Il fallait donc que je me débrouille. C’était une question de survie.

Quelques semaines après mon arrivée, coup de chance : l’université m’a attribué un colocataire camerounais, Cédric.
Un gars simple, mais un vrai boss en cuisine.
Cédric m’a pris sous son aile.
On a commencé par des classiques : riz sauté, spaghettis sautées, riz sauce tomate.
Petit à petit, j’ai appris.
À doser l’huile. À saler. À ne pas brûler l’eau 😅. Bref, à survivre.

Aujourd’hui, grâce à  l’apprentissage et la pratique. Je peux cuisiner du ndolè, de la banane malaxée, un gratin dauphinois ou des pâtes à la carbonara.

Apprendre à cuisiner m’a sauvé plus d’une fois. Pas seulement pour manger. Mais aussi à impressionner les petites. 

Beaucoup de jeunes quittent le pays sans jamais avoir vécu seuls.
Ils ont toujours été entourés de frères, de sœurs, de cousins et d’amis.
Pour certains, c’est même encore leurs parents qui les réveillent le matin.
Ils pensent que vivre à l’étranger, c’est juste changer de pays ou accéder à de meilleures opportunités.

Mais la vérité, c’est qu’à l’étranger, tu dois tout réapprendre :
Vivre seul.
Te nourrir seul.
Te soigner seul.
Te réveiller seul.

Très peu prennent le temps de réfléchir à l’organisation de la vie quotidienne.
Pour eux, c’est un acquis.
Ils se concentrent sur les prières et les neuvaines pour que Dieu leur donne le visa 😅.
Ils sont très loin d’imaginer que la folie les guette.

Si je peux me permettre un petit conseil : apprenez à doser le sel, à chauffer l’eau et à faire du vélo avant de rêver d’Europe. 

Même si ça peut paraître anodin ça vous évitera de vous empoisonner. 

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Raoul Mbe
tag:raoulmbe.com,2013:Post/2228203 2025-04-22T10:00:00Z 2025-10-04T06:11:48Z L'exil
On croit souvent que le voyage commence à l’aéroport. Avec une valise trop pleine, les pleurs des adieux et le contrôle des visas. 
Mais en réalité, il commence bien avant.
Cette idée est d’abord plantée dans la tête et elle finit par s’enraciner dans le cœur.

Pour moi, la graine a été semée en classe de première, par mon grand frère Eric.
Il m’avait dit : "Raoul, si tu as le bac, tu iras poursuivre tes études en Europe."
Même si je ne connaissais rien de l’Europe, c’était pour moi la meilleure chose qui puisse m’arriver. 
Pour mon grand frère, c’était une façon d’élever notre famille.
De changer ma vie, notre vie. Celle de tous les nôtres.

Pour un camerounais, voyager, c’est d’abord rêver.
En novembre 2011, je suis parti.
Et, à vrai dire, je ne suis jamais vraiment revenu.
J’ai construit ici en Europe un projet de vie. Études, travail, femme et enfants.

Mais j’ai parfois l’impression d’être resté là-bas.
Comme si une partie de moi était restée à l’aéroport de Nsimalen le jour du départ.

Jeune diplômé, j’ai longuement nourri l’idée d’y retourner m’installer. Mais très vite d’autres contraintes de poids sont apparues. alors je  me suis rassuré en me disant : Il y’a plusieurs vols par jour entre  Lyon et Yaoundé. 
J’y retournerai quand je voudrai. 

Je suis souvent rentré, une fois par an, deux fois même dans le but de retrouver cette partie de moi. Mais rien.
Quand j’y vais, les premiers jours j’ai l’impression de la retrouver. Il est présent partout: du call box à l’aéroport, a la musique dans les rues en passant par les discussions dans les taxis. 
Pourtant après quelques semaines cette sensation disparaît. 

Je me sent à nouveau incomplet mais cette fois c’est l’Europe qui me tire en arrière comme si elle avait volé une part de moi.
Je suis donc résolu à vivre ici et là-bas.

Ce carnet est né de mes allers-retours entre ces deux mondes.
Entre ce que je vis ici, et ce que je ressens encore là-bas.
Entre ce que je montre et ce que je garde.

Il est pour ceux qui sont partis.
Pour ceux qu’on a fait naître ici.
Et pour ceux qui rêvent encore de venir.
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Raoul Mbe
tag:raoulmbe.com,2013:Post/2228144 2024-12-26T11:00:00Z 2025-10-04T06:06:08Z Faut-il rentrer ou trouver son équilibre ?

As tu déjà pensé à tout quitter pour rentrer chez toi ? Cette idée m’a obsédé pendant des années. 

Selon une étude d’Intelcia, 71 % des membres de la diaspora africaine installée en France souhaitent rentrer en Afrique. Cependant, ce chiffre doit être pris avec précaution, car il s’agit d’un pourcentage basé sur un échantillon de seulement 800 personnes.

Si je fais une analyse rapide basée sur mon entourage, je dirais la même chose : un bon 70 %. Mais combien rentreront réellement ? Là, aucune donnée précise. Si je prends encore mon entourage comme référence, je dirais 5 %.

Beaucoup souhaite rentrer, mais en réalité, très peu passe à l’action, et parmi ceux qui rentrent, nombreux sont ceux qui ne restent pas définitivement.

On entend souvent cette phrase : « Les plus chanceux finiront fous a Mbeng » Même si je trouve cela un peu exagéré, il y a une part de vérité 😁. Vivre à “Mbeng” a ses avantages — moi, je “yamo” — mais la nostalgie de la nourriture, des paysages familiers, ou simplement du lien avec ses proches, peut peser lourd. On néglige beaucoup cet aspect psychologique mais c’est quelque chose de crucial. 

En 2018, avec quelques proches, nous avons lancé le projet Avenue Kennedy. On était très enthousiastes à l’époque.

Avec du recul, c’était une véritable folie. Pas tant par rapport au projet lui-même, mais par les motivations profondes qui nous ont poussés à le faire.

On ne pose pas souvent la question sous cet angle, mais c’est essentiel, car cela permet de mettre en lumière des contradictions qu’on ne voit pas toujours au départ.

Qu’est-ce qui peut bien pousser trois personnes installées confortablement en France, avec des projets à long terme là-bas, à investir dans un tel projet pour le Cameroun ? L’argent, diront certains. C’est ce que je croyais aussi à l’époque 😁. 

C’est vrai, beaucoup entreprennent au pays pour gagner de l’argent ou contribuer au développement. Mais, en réalité, deux raisons souvent sous-estimées restent déterminants :

  1.  La volonté de vivre une deuxième vie dans le pays natal : On ne peut pas physiquement “back”, alors on investit pour garder un lien. On vit une partie de cette “deuxième vie” par procuration à travers le projet.
  2. La quête de sens : Pour certains, lancer un projet au pays est une étape vers un accomplissement personnel, un moyen de donner un sens profond à leur parcours. C’est un peu comme les Bamilékés qui construisent de grands châteaux au village.

Pour moi c’était la volonté de vivre ici et là-bas en même temps. Ce projet me permettait en quelque sorte de faire “l’appacheur” de téléphone à l’avenue Kennedy de Yaoundé à tout moment. En gros “ voyager sans décoller “ ou alors comment masquer une frustration en lançant un projet. 

À mon avis, avant de s’engager dans un projet au pays, il faut d’abord se poser cette question essentielle : quelles sont les vraies motivations derrière ce projet ? Pas ce qu’on veut montrer, mais « la vraie vérité ».

Pour ma part, je qualifierais mon expérience avec Avenue Kennedy comme étant “douce et amère”. C’est un mélange de gratitude d’avoir vécu cette aventure et de désespoir face à mes propres contradictions au cours du projet (un jour, on racontera ça — on digère encore 😅).

Les gars, je sais que c’est dur, mais prenez le temps. Posez-vous les bonnes questions avant de vous lancer. Il ya tellement à dire. Les coachs qui pullulent partout sont là pour vous vendre des conseils, pas pour réfléchir à votre place. Prenez le temps de bien comprendre les motivations profondes avant de prendre une décision qui risque de vous donner un coup au moral et faire fondre une partie de votre épargne sur le chemin. 

Faut-il rentrer ou trouver un équilibre? 

Si ton objectif est de rentrer, prépare toi sérieusement et rentre. Sinon, trouve un équilibre sur place. Ne te laisse pas influencer par la nostalgie et les fanatiques qui prophétisent le pire pour les africains en occident, ouvre les yeux. Regarde autour de toi : il n’ y a pas que du bon mais c’est vivant et plein de belles personnes. Il peut avoir une place pour toi ici, et tu peux contribuer à construire un futur dans lequel toi et ta famille serez épanouis. En tout cas c’est ce que je me dis.

Le pire qui puisse arriver est la perte d’identité cet à dire être incapable de s’identifier pleinement ni au pays d’accueil, ni à celui d’origine.

Même si je fais partie des nostalgiques profonds, « Back n’est pas une fin à Soa. »

Pour moi le vrai défi ce n’est pas de choisir entre partir ou rester, mais de construire un équilibre qui reflète qui nous sommes devenus et de vivre pleinement. 

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Raoul Mbe
tag:raoulmbe.com,2013:Post/2228143 2024-12-19T11:00:00Z 2025-10-04T06:06:07Z “Il fait froid, alors couvrez-vous bien, sinon vous risquez d’attraper un rhume !”

C’est une phrase qu’on entend souvent. Sans trop réfléchir, on pourrait croire que le froid est directement responsable du rhume ou de la grippe 😁.

Mais en y repensant, ça ne colle pas. Par exemple, à Yaoundé, je me souviens que les violentes saisons sèches étaient également propices aux infections respiratoires (rhume et grippe). 

Alors, qu’est-ce qui se passe vraiment ? 😎

Hier soir, j’ai creusé un peu, et voici un résumé de ce que j’ai découvert :

En réalité, le rhume et la grippe sont causés par des virus.

  •  Le rhume : principalement dû aux rhinovirus.
  •  La grippe : causée par les virus de l’influenza.

Mais pourquoi tombe t-on plus facilement malade quand on ne se couvre pas bien ?

En fait bien que le froid en lui même ne cause pas directement la maladie, il affaiblit notre organisme et nous rend plus vulnérables aux virus. Voici quelques mécanismes :

  •  L’air froid assèche les muqueuses des voies respiratoires, les rendant moins efficaces pour bloquer les virus.
  •  Quand il fait froid, le corps concentre son énergie sur le maintien de la température corporelle, ce qui peut temporairement affaiblir notre réponse immunitaire, notamment dans les voies respiratoires ce qui facilite l’entrée et la multiplication des virus. 

Et pour la saison sèche à Yaoundé ? L’air sec et la poussière sont probablement les coupables. Mais bon, si des experts passent par ici, je suis preneur d’explications supplémentaires. 

Je vais dormir moins bête ce soir!

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Raoul Mbe
tag:raoulmbe.com,2013:Post/2228141 2024-11-14T11:00:00Z 2025-10-08T15:06:46Z La vérité c’est que nous vivons à la fois dans le passé le présent et futur. Vivre dans ces trois dimensions peut être une force, à condition d’équilibrer leur influence. 

Si nous restons trop attachés au passé ou trop anxieux face au futur, nous risquons de négliger le présent. De même, le présent n’a de sens qu’en relation avec le chemin parcouru (le passé) et les directions que nous choisissons (le futur).

Si vous savez d’où vous venez et avez choisi votre destination votre quotidien sera plus paisible. 

Trouvez votre équilibre et créez votre chemin. 
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Raoul Mbe